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Montesquieu Dim 25 Juil - 11:04
Rang personnalisé :
Chaos was the law of nature; Order was the dream of man.
Chaos was the law of nature; Order was the dream of man.
Âge et ancienneté :
24 ans ; 2 ans d'ancienneté
24 ans ; 2 ans d'ancienneté
Occupation :
Herboriste
Herboriste
Voie lunaire :
Le Brasier
Le Brasier
Niveau de stress :
Image/gifs :
Identité :
Monomer (il, ou juste Mono)
Monomer (il, ou juste Mono)
Activité RP :
3/4 jours/semaine, peut varier
3/4 jours/semaine, peut varier
Avatar :
Yuri Pleskun
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Messages :
50
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Montesquieu avait le bout des doigts bleu.
La bouche en cœur, il aspirait les drupes sucrées d'une énième mûre, coincée entre le pouce et l'index. Sa nonchalance était légendaire, d'autant plus exagérée qu'il était chargé de sacs et de paniers lourds donnant à sa silhouette malingre un air de brindille éprouvée.
Il vagabondait parmi les faubourgs en dégustant ses baies, insouciant, déambulait avec tant d'apathie et de fainéantise, ralentissant à intervalles réguliers pour reprendre une autre mûre dans la poche ventrale qu'il s'était improvisé d'un avant-bras, qu'on le fusillait du regard en s'écartant pour le contourner ou le dépasser. Parfois, on le bousculait d'un coup d'épaule et Montesquoi répliquait, théâtrale en retenant ses fruits, outré comme une vieille dame qui se croit tout permis.
Il vaqua ainsi une bonne heure et demie, allant d'un banc jusqu'au bord d'un puit le temps d'une cigarette, passant par deux ou trois allées coincées et étroites derrières des étales et des tentes, et ce, jusqu'à ce que le soleil couchant n'inonde le microcosme de la compagnie de son ciel rose doré. Remarquant que plusieurs artisans fermaient boutique pour la nuit, Montesquieu consentit à rentrer aussi.
Sa direction première et immanquable, inexorable, le conduisit jusqu'aux cuisines étouffantes, comme une luciole. Il était encore trop tôt pour qu'elle bourdonne d'activité pour le repas du soir, mais il y régnait une chaleur à telle point constante et homogène que l'idée de devoir s'y enfermer pour décharger ses sacs et ses paniers, trier ses récoltes et échanger quelques bonnes grâces sous la table envahissait l'herboriste d'une envie de chialer. En plus, il avait entendu entre les branches qu'on allait égorger un porc, prochainement ; l'image d'une carcasse sur le comptoir, martelée d'un hachoir, ne l'enchantait pas particulièrement.
« Oyé, oyééé... » geignit Montesquieu en déboulant aux cuisines, sur le point de rendre l'âme.
Il manqua de chavirer en soulevant un sac pour le déposer sur un tabouret, puis se débarrassa des deux paniers qu'il tenait à chaque épaule sur une partie libre du comptoir au centre de la pièce. C'était une sorte d'îlot improvisé de madriers en chêne, habituellement chargé de multiples plats et planches à découper, mais à l'odeur qui habillait la cuisine on devinait qu'il avait servi à pétrir des pains.
« J'en peux plus, j'vais crever... »
En sondant la pièce d'un regard maniaque – rien d'écoeurant en vue, parfait – Montesquand s'étira bien haut comme un pacha, saisit d'une grimace d'extase. Il exagéra son quasi deux mètres d'asperge en se dressant sur la pointe des pieds, les épaules dépliées et désarticulées à l'extrême du possible derrière sa tête et s'inclina bien loin vers l'arrière d'un craquement sinistre de la colonne. En s'avançant vers une autre partie libre du comptoir, il répéta l'étirement mais vers l'avant et profita du meuble en s'affaissant au-dessus de tout son long. Il s'agrippa à deux mains de l'autre côté, comme si le comptoir était devenu sa bouée :
« Quoi tu fais ? » marmonna-t-il, la joue écrasée sur le marbre saupoudré de farine, les lèvres encore bleues.
La chevelure flamboyante de la cuisinière, rassemblée en un épais chignon de frisouilles éparses, était penchée à l'intérieur d'un four profond, longue planche spatulée en main. Elle lavait son linge, c'est évident ; et Montesquieu enchaîna en réalisant la stupidité de sa question :
« T'as pas un sac de farine en rab' ? M'en reste plus. »
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