Evidemment. Cela ne pouvait pas se passer sereinement. La troupe d’éclaireurs avait été pourtant confiante une fois aux alentours du village mais s’il avait été question de partir en quête de détails pour le contrat dont ils ont récemment été affublé, ce sera finalement le contrat qui viendra à eux lorsqu’une attaque de vestiges s’imposera sur les lieux. Les cris des villageois qui tentaient de se réfugier poussèrent les cavaliers à envoyer leurs chevaux à vive allure sur le lieu du carnage, Drathir ne perdant pas de temps pour déjà tirer quelques volées de flèches sur le trajet. Contrairement à d’autres de ses confrères toutefois, elle sautera au bas de sa monture une fois sur place, laissant la bête s’éloigner un minimum sous le coup d’une peur légitime. L’intendant lui laissant toujours son cheval lorsqu’elle quittait le camp, la blonde était confiante et savait que l’animal reviendrait au moindre sifflement de sa part. Il était dressé de sorte à ce que les combats ne le fassent pas paniquer non plus mais si l’éclaireuse avait voulu l’éloigner du combat c’était pour une toute autre raison : elle exécrait les vestiges. Elle en avait trop vu, trop affronté et surtout elle savait comme leur toucher pouvait être plus que nocif. Hors de question de laisser ces saloperies poser un doigt sur sa monture et de son côté elle mettra tout en œuvre pour virevolter comme un feu follet, esquivant toute emprise qu’on pourrait chercher à lui imposer. Si elle aura naturellement grondé au début du combat, cela ne l’aura pas empêché de mener avec brio son œuvre de mort. A force de voltiger, la blonde aura remarqué la présence d’un autre individu qui n’avait rien à voir avec la compagnie et qui, vu sa façon de mener le combat, n’était probablement pas un simple villageois non plus. Définitivement pas car dans cette pénombre qui signait le début de soirée, et qui ne les aidait définitivement pas à gérer l’afflux d’ennemis, l’homme ressortait largement de la foule à cause de son épée qui semblait irradier d’une chaleur qui oscillait entre la lumière et la flamme pure. Il n’en faudra pas plus pour lui arracher un franc frisson et, le temps d’une pensée fugace au possible, Drathir se demandera si elle ne devait tout simplement pas le tuer au même titre que les monstres qu’ils affrontaient dans l’immédiat. Parce qu’il était question de runes et que, en cet instant précis plus que d’ordinaire encore, elle se passerait bien d’une nouvelle transformation à la noix. Et pourtant. Pourtant ce n’est pas son dos à lui qu’elle transpercera de sa dague mais bien celui de l’engeance qui s’apprêtait à le tuer, profitant que cette épée maudite soit plantée dans ce qui n’était plus que des cadavres désormais. Légère grimace au bord des lèvres face au sang noir qui lui sautait définitivement un peu trop au visage vu le peu de portée qu’elle possédait à être ainsi équipée, l’éclaireuse n’accorda qu’un intérêt relatif au remerciement silencieux qu’on lui dédiera pour plutôt reprendre son carnage qui n’en finissait pas.

Puis, enfin, le silence. De courte durée pour sa part car les villageois qui étaient restés dans les environs se mirent à exprimer leur chagrin, arrachant un nouveau frisson à la blonde dont le visage demeurera quant à lui parfaitement de marbre. Essuyant ses dagues le long de ses brassards avant de les ranger dans leurs fourreaux, son regard commencera ensuite à se perdre sur les corps qui s’accumulaient. Beaucoup d’ennemis, constatera-t-elle en premier. Malheureusement pas mal de villageois aussi, le temps qu’ils puissent eux même arriver sur les lieux mais, relativement froide, l’ancienne chasseuse pensait surtout à l’accueil qu’on leur réserverait, les gens pouvant parfois être mauvais sous le coup de la peine. Enfin, quelques mercenaires et ce constat-là sera plus douloureux sur le moment. Drathir n’était pourtant pas une mercenaire depuis bien longtemps, deux ans à peine mais elle avait pu s’attacher à certains (surtout ceux qu’elle côtoyait quasi quotidiennement, bien sûr) et même sans cela, le décès de ses pairs dans de telles circonstances lui faisait toujours quelque chose, un mélange de peine et de haine. Parce que ce n’étaient pas vraiment des êtres humains qui avaient eu raison d’eux, ce n’était pas la Guerre non plus, encore moins la politique. Non, tout ceci était la cause de vestiges et bien qu’elle avait pu constater avec le temps que la Compagnie se chargeait très souvent de ce genre de besogne, cela l’agaçait toujours particulièrement de constater comme ces engeances pouvaient être une épine dans son pied. Chasseuse d’artefacts ou mercenaire, le problème demeurait. La blonde sera arrachée à ses pensées toutefois, son regard perdu sur le champ de bataille se relevant en direction de l’inconnu qui l’approchait et l’interpellait. Naturellement attirée par la lame qu’il tenait encore sur le côté, mais qui semblait s’être éteinte, il faudra ainsi quelques secondes pour qu’elle se ressaisisse et daigne accorder un hm hm d’approbation quant à son appartenance pour la Compagnie. Elle l’observera droit dans les yeux lorsqu’il viendra s’enquérir d’un potentiel contrat. « En quelque sorte. On sait que c’est le bordel dans le coin mais on sait pas où précisément encore, on venait demander aux villageois des infos. Elle secouera la tête dans un bref ricanement amer, signe que la situation était franchement cocasse. Son comparse qui avait bousculé le brun face à elle pour se diriger vers le corps de l’un des leurs prendra la parole à voix haute pour signifier qu’il fallait ramener les corps, poussant l’éclaireuse à hocher la tête et siffler bruyamment pour faire revenir sa propre monture. Met le dessus, on rentre. Ordonnera-t-elle presque, ayant cette sale tendance à ne pas douter que son avis demeurait le meilleur à suivre dans ce genre de situations (dans toutes les situations, à dire vrai). Son regard partira en quête de deux autres mercenaires mais elle n’aura pas le temps d’ouvrir la bouche qu’ils hochèrent la tête et signalèrent qu’ils iraient voir les villageois, histoire de ne pas avoir fait ça pour rien. Parfait, sûrement qu’ils se retrouveraient à aider aussi pour le reste des cadavres. Ayant passé les rênes de son cheval par-dessus la tête de ce dernier afin de les avoir en main, elle stabilisera la bête (fort docile de base) le temps que le corps du mercenaire soit hissé dessus, avant que son regard n’accroche une fois de plus celui de l’inconnu. Elle avait beau ne pas être à son aise, ses prunelles déviant régulièrement le long de l’épée sans qu’elle ne fasse de commentaires toutefois, cela ne l’empêchera pas de le questionner dans un froncement de sourcils. T’es blessé ? » Le tutoiement lui avait échappé spontanément, sans qu’elle n’y cherche une quelconque explication mais sûrement que le léger empressement qui suintait de sa voix pouvait justifier ce choix de langage. Outre les blessures les plus classiques qui nécessiteraient des soins, Drathir songeait surtout à ces plaques presque nécrotiques qui pouvaient orner la chair si un vestige vous avait approché de trop près. Or, s’il pouvait toujours trouver de l’aide au sein du village pour soigner un petit bobo, ce second type de plaie nécessiterait l’auscultation d’un alchimiste. Et ça, il n’y avait bien que la Compagnie pour en avoir dans l’immédiat.

Soucieuse des plaies de son interlocuteur du moment du moment, et surtout de la possibilité qu’il ait pu être touché par un Vestige (ce qui la dissuaderait définitivement de rester à ses côtés), le concerné avouera alors avoir déjà été blessé avant ça. Vraiment ? Lueur doucement étonnée sur le visage, teintée d’une pointe d’admiration, la blonde ne pourra en effet qu’être agréablement surprise par la vaillance de l’épéiste durant le combat alors qu’il n’était pas au meilleur de sa forme pour cela. Il n’avait probablement pas eu le choix que de se battre, encore qu’elle n’avait pas remarqué son épée de feu très tôt durant le combat et que cela tendrait à prouver qu’il avait rejoint l’escarmouche en toute connaissance de cause. Soit il était fou et prêt à risquer sa vie déjà malmenée pour sauver la veuve et l’orphelin, soit il était définitivement doué arme à la main. Ou alors il s’agissait d’un subtil mélange des deux, difficile à dire. Le regard sera en tout cas attiré par cette main qui se posait sûrement sur la blessure, et vu l’emplacement elle ne devait en effet pas être agréable, avant que la tension qui n’habitait inconsciemment le corps de l’éclaireuse ne s’apaise à la précision plus que bienvenue de l’homme concernant les vestiges. L’inconnu aurait pu vouloir tenter sa chance avec le village à proximité pour profiter de soins mais il préférera visiblement miser sur la Compagnie. Ce n’était pas réellement sot, vu qu’il aurait au moins la certitude d’y trouver des guérisseurs (contrairement à ici) et qu’en plus de ça, il soulevait avec lucidité les dangers qui rodaient. Un homme seul, qui plus est blessé, avait tout intérêt à profiter de la protection même involontaire de mercenaires comme elle et les siens. Sauf que si elle entendait parfaitement ces arguments, son interlocuteur ne formulera pas réellement les choses ainsi, faisant naître un sourire moqueur sur ses lèvres. « C’est une tentative pour faire croire qu’on a plus besoin de toi que l’inverse ou je rêve ? » Ironisera-t-elle, ayant en effet eu l’impression que l’homme se faisait chevalier servant jusqu’au bout alors qu’il était celui qui était dans une situation plus précaire.

Néanmoins, le sourire de la blonde disparaîtra rapidement, en grande partie parce que son comparse (le plus impacté par le décès de l’un des leurs) semblait clairement s’impatienter et elle le comprenait. Inutile de s’attarder et l’homme venait déjà de réduire à néant tout scepticisme potentiel en évoquant sa bourse. Définitivement, personne ne trouverait donc à redire à ce qu’il rejoigne le camp dans ces conditions et elle hochera de ce fait la tête. « Alors allons y. Tu as un cheval ? Si oui, il n’aurait qu’à se hisser dessus tandis qu’elle-même retrouverait sa propre monture, alourdie du corps du défunt. Dans le cas contraire, il leur faudrait improviser et Drathir céderait donc sa propre monture à son camarade (afin d’éviter de déplacer une fois de plus le corps, ce qui sonnerait sûrement trop peu respectueux pour l’homme qui peinait à gérer cette disparition) avant de récupérer la sienne, se hissant en selle avant de se décider à inclure l’inconnu dans l’équation. Il serait toutefois positionné à l’avant, juste pour qu’elle puisse lui transpercer le dos plus que l’inverse (après tout, elle ne connaissait rien de lui). Le cheval n’aura en tout cas qu’à être guidé de sorte à suivre, à une distance raisonnable, l’autre mercenaire et Drathir profitera alors du trajet, assez court, pour questionner son invité du moment. Et qu’est ce qui pousse un homme seul sur des routes sauvages, justement ? » Bien qu’elle soit naturellement curieuse, l’éclaireuse était désormais une mercenaire depuis suffisamment longtemps pour ne jamais insister (ou presque) lorsque l’on ignorait ses questions. Elle se contenterait d’hausser les épaules et de ne pas insister.

J’en avais un, qu’il disait en parlant d’une monture qui n’était visiblement plus. Les accidents n’étaient pas rares, surtout lorsque des Vestiges erraient dans les environs et peut-être que l’homme était également de ceux qui pariaient leur moyen de transport une fois trop alcoolisé, que pouvait-elle en savoir. Mais de par son passé, la blonde ne pourra que tiquer intérieurement, accordant parfois plus de crédit à un cheval digne de ce nom qu’à ses propres camarades. Comprenant toutefois que l’homme n’était donc pas en mesure de se déplacer rapidement, Drathir prendra les choses en main et confiera son propre destrier à son comparse, le laissant ainsi ramener le corps tandis qu’elle-même récupérait sa monture, sur laquelle elle se hissera souplement après avoir laissé le soin à l’inconnu de s’installer le premier. Elle aura bien évidemment remarqué tant la grimace que lui aura arraché son précédent éclat de rire que l’inspiration douloureuse que lui provoquera le simple fait de se hisser en selle, signe que la blessure n’était pas anodine. Il parvenait malgré tout bien à conserver les apparences, d’autant plus qu’il n’hésitera finalement pas, une fois qu’ils furent en route, à répondre à ses questions alors qu’il aurait largement pu préférer effectuer le trajet en serrant les dents plus qu’autre chose. Soit il ne voulait vraiment pas passer pour un boulet en effet, soit il était plus résistant que prévu. Un vrai soldat, pensera-t-elle, suffisamment habile pour se permettre d’errer seul sur les routes et d’en sortir vivant (à défaut d’indemne) mais visiblement pas assez futé pour éviter de se perdre. Esquisse d’un sourire amusé aux lèvres, l’éclaireuse ne relèvera pas cette partie du discours mais cela l’amusait autant d’imaginer qu’il s’agissait bien de la vérité qui émanait de la bouche de l’homme que de supposer qu’il puisse s’agir d’un doux euphémisme pour que le concerné n’ait pas à évoquer l’ensemble de son parcours. L’épéiste précisera alors venir de l’est dans l’immédiat et être en quête de boulots quelconques, ce qui renforçait un peu l’idée qu’il était bel et bien perdu. Immanquablement, Drathir songera à la Compagnie et au nombre de mercenaires qui avaient été paumés eux aussi, jonglant entre différents boulots ingrats avant de se dire que s’engager n’était peut-être pas une si mauvaise idée. Le travail était changeant, toujours payé (une fois qu’on finissait d’être redevable d’une fichue dette, ce qui n’était clairement pas son cas) et on avait la certitude d’avoir toit, repas et compagnie pour poursuivre sa vie. Il n’en fallait pas plus, bien souvent, pour se décider.

Muette malgré ses réflexions, preuve étant pour ceux qui la connaissaient que la situation ne lui plaisait pas vraiment (la mort de son camarade l’impactait en grande partie parce qu’il s’agissait d’une mort idiote, qui aurait pu être évitée d’après elle, encore que les Vestiges étaient vraiment une sacrée plaie dans leur quotidien), elle n’aura toutefois d’autre choix que de reprendre la parole lorsqu’elle sera sincèrement interpellée en ce sens. Revenant sur Terre en captant les mouvements de l’homme devant elle, qui essayait visiblement de capter son regard par-dessus son épaule, Drathir sera tentée de lui dire qu’il aggravait son cas à ainsi s’agiter mais il ne lui en laissera pas le temps et lui demandera plutôt s’il était coutumier pour elle de s’occuper des paumés des environs. Fin gloussement aux lèvres juste parce qu’elle estimait globalement n’être entouré que de paumés justement, des guignols dont il fallait continuellement s’occuper si on ne voulait pas les voir crever (elle avait donc échoué ce soir là), la blonde se lancera alors dans des pronostics sans hésiter une seule seconde. « Ouais. Et je suis prête à parier que, comme tous les autres paumés que j’ai rencontré, tu vas finir dès ce soir par t’enrôler au sein de la Compagnie. Confiance nonchalante au fond de la voix, elle laissera une seconde ou deux s’écouler pour que son interlocuteur s’imprègne de l’idée qu’elle venait de formuler avant de s’expliquer. Seul, perdu, en quête d’à peu près n’importe quel job, visiblement suffisamment doué l’arme à la main pour ne pas y passer… Yep. Je parie ce qu’il te restera en bourse après ton passage à l’infirmerie que tu resteras. Elle ne perdait pas grand-chose à se faire aussi joueuse à dire vrai. Si l’homme ne s’éternisait pas, elle évoquerait le principe de dette propre à la compagnie pour avouer n’avoir pas un sou en poche (sans préciser que l’Intendant serait capable d’accentuer sa dette juste pour lui faire payer à cet homme ce qu’elle lui devait). Et si elle gagnait… Eh bien elle n’aurait plus qu’à persuader l’Intendant de ne pas justement s’octroyer toutes les richesses potentielles de cet homme, afin qu’elle puisse bel et bien conserver sa part du butin. Comment je dois t’appeler dans ce cas, future recrue ? » Ironisera-t-elle doucement alors qu’ils arrivaient pour de bon au camp, la blonde perdant de son sourire lorsqu’elle mettra pied à terre la première et que son regard croisera le corps de son camarade qui se faisait désormais transporter. Elle ne se blâmait jamais de réussir à s’amuser là où les circonstances ne l’autorisaient guère de base mais son propre cœur, plus sensible qu’on ne pouvait parfois le croire, la rattrapait à l’occasion. Suivant brièvement du regard les déplacements de ses pairs, elle se focalisera rapidement sur l’épéiste toutefois, main refermée autour de la bride de l’animal pour l’empêcher de trop s’agiter le tant que le blessé parvienne à descendre.

Bon. Eh bien, s’il disait vrai, il n’avait donc pas perdu son cheval à cause d’une soirée trop alcoolisée et encore moins à cause d’un pari purement volontaire. Elle ne le blâmera pas toutefois de ne pas être de ce genre-là, elle-même ne préférant parier que lorsqu’elle savait pouvoir se défaire de ses obligations en cas de défaite ou lorsqu’elle était sûre de gagner, ayant indéniablement une préférence pour ce cas de figure. Alors qu’ils arrivaient au camp toutefois, et en partant du principe que l’homme rejoindrait leurs rangs dans la soirée, la blonde lui demandera son nom, encore qu’il changerait peut-être d’identité malgré lui à force de côtoyer des mercenaires plus ou moins acerbes. Tout le monde récupérait un surnom dans le coin, ou presque et il fallait simplement prier que le pire d’entre eux ne soit pas retenu, ou qu’on était en mesure d’envoyer au tapis ceux qui se pensaient malin à virer dans les insultes. Roy ce sera donc, l’épéiste daignant décliner son identité une fois être descendu de cheval avant de lui retourner la question tout en l’appelant la devin en attendant. « La meilleure, la sauveuse, la siffleuse. Drathir, aussi. » Rajoutera-t-elle sur la fin après un bref blanc, comme si elle avait manqué d’oublier l’essentiel bien qu’il ne s’agissait que d’une façade. Elle aura pris un malin plaisir d’ailleurs à mélanger des surnoms purement égocentriques qu’elle s’inventait d’elle-même avec celui que ses camarades avaient fini par lui octroyer à force de l’entendre pester ou de découvrir qu’elle avait certains talents dans le domaine, aussi puéril et inutile que cela puisse être. En tous les cas, l’éclaireuse profitera que son vis-à-vis soit bien à terre désormais pour attacher le cheval avec les autres dans l’immédiat, esquisse d’un sourire énigmatique (et peut-être un peu invisible dans la relative pénombre du camp) aux lèvres à l’entente du terme accueillant pour décrire la Compagnie. Certes, ils enrôlaient plus ou moins n’importe qui, seule exception étant faite des enfants lorsque la troupe ne pouvait guère s’encombrer de nouvelles bouches inutiles à nourrir, mais de là à ce qu’elle juge tous ces mercenaires accueillants ? Rien n’était moins sûr et cela dépendait sûrement de la définition que l’on accordait à un tel terme. Dans le doute, et par soucis de fierté à la noix à l’idée de gagner son pari, elle s’abstiendra de le faire fuir en apportant de quelconques précisions. Encore que, elle n’oubliait pas réellement son épée de feu et sûrement qu’elle aurait pu vouloir qu’il se tire bien loin avec son bien. Seulement voilà, l’épée étant rangée dans son fourreau, la blonde parvenait plus facilement à se détendre, d’autant plus que l’homme n’était pas franchement désagréable pour le moment.

Il l’était si peu que Drathir se décidera à l’accompagner, au moins un peu, et à ne pas l’abandonner à son sort comme il le disait si bien. L’invitant à la suivre d’un signe de tête, elle profitera du trajet pour expliquer la situation. « C’est l’Intendant qui décidera de quelle façon on va abréger tes souffrances. Expliquera-t-elle, le timbre un peu moqueur tant elle n’hésitait pas à sous-entendre qu’il pouvait aussi bien être soigné que tué (comme quoi, elle se sera pas retenu de le faire fuir bien longtemps). C’est donc la direction de la tente de ce dernier qu’elle prendra, elle-même ayant divers rapports à faire et prenant toujours le soin d’en faire à l’homme, à moitié pour bien se faire voir de ce dernier et à moitié parce que les décès à déplorer devaient forcément passer par lui. Donnant quelques coups sur le bois qui soutenait l’entrée de la tente en question une fois qu’ils arrivèrent à destination, l’éclaireuse attendra une autorisation verbale avant de pénétrer à l’intérieur, non sans indiquer à Roy de faire de même d’un simple signe de la main. Etant donné que l’homme aura été présent de bout en bout durant l’escarmouche et qu’elle n’avait aucune information plus confidentielle que cela à cacher, elle ne se gênera pas pour faire son rapport en sa présence. Saluant d’un signe de tête le gestionnaire de la Compagnie, bien que nul sourire n’ira ourler ses lèvres tant elle savait que cela ferait mauvais genre vu les circonstances, Drathir n’ira pas par quatre chemins pour expliquer la situation. Sir Desbourg. On revient du village, cela ne s’est malheureusement pas passé comme prévu. Les vestiges ont attaqué au même moment, il y a des pertes à déplorer chez les villageois mais également chez nous :  Caillou est mort. Un bref silence suivra, seul semblant d’hommage qu’elle était capable d’offrir, avant qu’elle ne poursuive. Des gars sont encore sur place malgré tout, pour qu’on y soit pas allés pour rien et pour aider les villageois. Je l’ai trouvé sur le chemin. Enchaînera-t-elle en désignant d’un coup de pouce par-dessus son épaule l’épéiste. Je vous laisse discuter. Conclura-t-elle sobrement, n’attendant que quelques secondes de plus au cas où que son interlocuteur ait quelque chose à lui dire avant qu’elle ne s’éloigne, sur un dernier bref coup d’œil en direction de Roy. Elle ira ainsi faire un rapport au Lieutenant désormais, qui était après tout en charge réellement de ce genre de missions et elle parlera un peu plus longuement avec lui avant de quitter sa tente également. Le reste ayant été pris en charge ou n’étant plus de son ressort, Drathir comprendra n’avoir rien de plus à faire mais, n’ayant pas envie de se retrouver seule avec ses pensées sur le moment, elle prendra finalement la direction de l’infirmerie où le brun avait dû trouver refuge depuis le temps. Elle le cherchera un moment, au milieu des autres mercenaires qui avaient été plus légèrement blessés durant l’affrontement (sans parler des quelques accidents plus cons mais inévitables qui arrivaient sur place), avant de le repérer et de s’avancer vers lui. Pas mort, donc ? » Constarera-t-elle, une fausse moue déçue peinte sur le visage.

Ayant hoché la tête en guise d’approbation vis-à-vis de la demande de l’Intendant, la blonde aura donc demandé au dénommé Pierre de rejoindre le gestionnaire de la Compagnie avant de retrouver le Lieutenant afin de lui faire également son rapport. Ses tâches accomplies, Drathir constatera ne pas avoir réellement envie de rester seule avec ses pensées ce soir là, d’autant plus que lesdites pensées n’auraient sûrement rien de plaisantes à cause du fait qu’ils auront été attaqués par des Vestiges de façon foutrement imprévue. Cela avait toujours le don de la faire grincer des dents, surtout alors qu’elle passait déjà son temps à alerter ses camarades les plus ignorants sur les dangers que revêtaient ce genre de monstruosité. Certains les redoutaient autant qu’elle, d’autres n’y voyaient que des ennemis lambda et enfin certains aux grands cœurs estimaient que les pires ombres de ce monde résidaient en l’être humain. Une philosophie de bas étage qu’elle pouvait comprendre, au fond, mais qui la faisait toujours grogner sur le moment tant elle pensait avoir été plus marquée par sa vie pleine de dangers toutes ces années plus que par la trahison de ses comparses chasseurs d’artefacts. La vérité était bien plus nuancée mais elle s’y faisait volontiers aveugle. En tous les cas, à défaut d’avoir une tâche à réaliser, l’éclaireuse se décidera à se rendre à l’infirmerie afin d’y retrouver l’épéiste. Elle le cherchera quelque peu avant de finir par le trouver dans le lot, s’avançant vers lui tout en arborant un air déçu quant au fait qu’il n’était donc pas mort. Quel dommage, feignait-elle de penser alors qu’il lui était bien difficile de réellement croire en ce qu’elle disait vu que l’homme était désormais torse nu et qu’il y avait définitivement plus désagréable comme vision. Drathir ne se cachera d’ailleurs pas de laisser son regard glisser sur la peau et surtout les muscles découverts, tant en pur plaisir que par pragmatisme : Roy était nettement bien foutu et cela renforcera l’idée qu’il n’était sûrement pas un guerrier de bas étage à qui l’on aurait confié une épée magique de façon précoce. L’épée demeurait d’ailleurs non loin de lui mais l’absence de flammes la dissuadait encore de trop y penser. Son vis-à-vis répondait déjà à sa question rhétorique de toute façon, évoquant le fait que Mordante ce sera occupé de lui (et il était définitivement bien tombé, d’après elle) et qu’elle avait estimé qu’il survivrait encore longtemps. Un avis que la blonde ne pouvait que comprendre dans l’immédiat, tant le corps athlétique face à elle pouvait en effet faire croire que l’épéiste ne passerait pas l’arme à gauche de si tôt. Roy préférera néanmoins souligner comme ils semblaient tous être confiants dans les environs, vis-à-vis de ce qu’ils pouvaient dire et l’éclaireuse haussera les épaules d’un air nonchalant. « Faut bien. Tu deviens pas mercenaire en entretenant des doutes vis-à-vis de tout et n’importe quoi. » Sans quoi l’on se tournait vers une vie moins dangereuse, à moins d’être un fichu suicidaire qui cherchait uniquement une façon un peu noble de crever. Ce qui n’était définitivement pas son cas.

Les prunelles de Drathir furent distraitement attirées par les gestes du brun, qui nettoyait désormais une plaie et contractait ses muscles dans le processus, ce qui ne l’empêchera pas de l’écouter et de finir par relever les yeux vers les siens dans un sourire face à la précision concernant l’Intendant. Ok, c’était donc aussi évident ? Juste pour un rapport fait avec soin et une forme de respect dédié à cet homme qui, de toute façon, savait parfaitement comment se l’octroyer ? Bon sang, qu’aurait-il dit s’il l’avait vu apporter son repas au gratte-papier dans un clin d’œil malicieux tiens. « J’ai de très beaux yeux. Soufflera-t-elle simplement en soutenant intensément le regard de son vis-à-vis pour la peine, avant de reprendre avec un peu plus de légèreté une fois le blanc passé. Je suis éclaireuse. J’crois que c’est mon destin d’aller au-devant des emmerdes et d’espérer m’en sortir. Après tout, si danger il devait y avoir au bout du sentier, ce serait elle qui le découvrirait en premier, tout en priant d’avoir été suffisamment discrète pour ne pas trop attirer l’attention du danger en question. Elle ne s’en plaignait que pour le plaisir de geindre à l’occasion toutefois, tant elle préférait au fond être en mesure de voir d’elle-même ce qui l’attendrait, d’autant plus qu’elle n’irait pas forcément se battre trop souvent dans la foulée non plus. Et puis, qu’aurait-elle pu faire d’autre ? A part quelques connaissances acquises sur le terrain concernant les ruines et les runes, un don pour reconnaître les chevaux et savoir les dresser, et une capacité à être discrète sur le terrain autant qu’elle braillait au contraire au camp, elle ne savait pas spécialement faire quelque chose mieux qu’autrui. L’éclaireuse ignorait d’ailleurs si c’est son poste qui aura inspiré la nouvelle question de Roy quant au fait d’être surveillé, ou s’il supposait qu’elle prenait naturellement soin des paumés qu’elle récupérait sur la route justement, mais cela l’amusera en tous les cas. Tu pourrais pas rêver d’une meilleure nounou pourtant. Fera-t-elle remarquer dans un premier temps avant d’hausser une fois de plus les épaules tout en jetant un vague coup d’œil circulaire à l’infirmerie et au camp en général. J’ai pas besoin de me donner cette peine. T’es un inconnu au bataillon, tout le monde te surveillera d’une façon ou d’une autre. Non pas que les mercenaires s’inquiétaient réellement, de la même façon qu’elle ne redoutait pas réellement que Roy puisse vouloir les voler ou elle ne savait trop quoi dans ce genre (ce serait plus que du suicide), mais malgré le fait que le travail ne manquait jamais, ils étaient tous une sacrée bande de commères à l’occasion. On avait beau ne pas parler du passé de tout à chacun, respectant ce jardin secret laissé derrière une fois intégré à la Compagnie, cela n’empêchait pas les gens d’être curieux du présent. Qui plus est, selon les circonstances, Roy pouvait parfaitement ne pas être si discret que ça et elle s’en fera la réflexion en coulant un nouveau regard vers l’épée (partiellement recouverte d’une chemise trempée de sang) qu’elle désignera d’un signe de tête. Pis si tu refais mumuse avec, tu seras tout sauf discret, c’est sûr. » Peut-être même que ses camarades avaient déjà lancé quelques rumeurs tiens, encore qu’elle en doutait à cause du décès de Caillou qui aura affecté ceux revenus avec elle, tandis que les autres étaient encore au village.

Un hmpf à la limite du grognement au bord des lèvres, Drathir ne pouvait toutefois que difficilement contredire son interlocuteur concernant ces fameuses emmerdes, pas vu les circonstances de leur rencontre. Malgré tout, elle restait chanceuse, étant donné qu’elle n’aura pas été blessée durant l’assaut (ou pire : tuée) contrairement à son vis-à-vis et que si elle devait porter une quelconque forme de poisse ou être condamnée à subir des événements plus ou moins chaotiques, cela devait sûrement être son destin d’y survivre malgré tout. Y avait plus qu’à prier et tout faire pour que cela puisse continuer ainsi, au minimum. Roy viendra alors s’enquérir de la raison de sa présence ici et si elle fut ravie de ne pas avoir à explicitement lui avouer être venue jusqu’à lui en pure envie (même si c’était pour se changer les idées), elle ne pourra que le rassurer quant au fait qu’elle n’était pas là pour jouer les nounous. Elle n’était pas si douée dans ce rôle qu’elle tentait de le faire croire mais surtout l’épéiste était un inconnu au sein du camp et tout le monde le surveillerait un peu, que ce soit en pure méfiance ou par simple curiosité. Des vraies commères que ces mercenaires. Un sourire viendra en tout cas ourler les lèvres de l’éclaireuse face à la répartie de son interlocuteur. « Une belle gueule a plutôt tendance à attirer le regard dans le coin. » Fera-t-elle simplement remarquer. Ce n’était qu’à moitié vrai mais les mercenaires pouvaient facilement se retrouver plus ou moins mutilés et si cela pouvait surprendre au début parfois, l’on s’y habituait vite et l’on finissait par trouver plus normal de voir un homme avec un nez en moins passer plutôt qu’un bel individu bien propre sur lui. Vu sa blessure récente néanmoins, Roy aurait le mérite de ne pas faire trop propre. Il aurait que la belle gueule, sur laquelle les prunelles de la blonde glissèrent brièvement avant qu’elle ne les détourne en direction de l’épée flamboyante qui, elle, risquait d’attirer l’attention s’il faisait mumuse avec.

Une formulation qui ne plaira pas à son propriétaire, le ton claquant sèchement et la poussant à relever un regard doucement noirci en sa direction, comme à chaque fois qu’on lui parlait moins poliment qu’on ne le devrait. Elle avait conscience de l’hypocrisie de son comportement : à savoir qu’elle taquinait et provoquait à tout va pour mieux se braquer dès qu’on lui rendait la pareille mais elle n’avait définitivement aucune envie de changer la donne. Le brun poursuivra en expliquant qu’il valait mieux que personne ne s’approche de l’arme et Drathir ne pourra que siffler entre ses dents : « Aucun risque… Elle n’avait aucune envie de s’approcher d’une épée pareille et si, quelques années plus tôt, son discours aurait été différent tant la curiosité aurait pu l’emporter (au moins quant à la valeur marchande que pouvait avoir une telle épée runée), ce n’était définitivement plus le cas aujourd’hui. Les runes, moins elle les voyait et mieux elle se portait, encore qu’elle redoutait moins les objets inanimés que les être vivants. Sauf que dans ce cas précis, les runes touchaient les deux car si l’épée était enflammée et pouvait donc brûler quiconque la toucherait, Roy avait de ce fait un glyphe sur la paume de sa main pour contrebalancer ces effets qu’il lui exhibera sans gêne quelconque et qui suffira à faire remonter un franc et perceptible frisson le long de son échine. Le regard délicatement plissé sur ce qui incarnait bien plus un danger à ses yeux, l’ancienne chasseuse d’artefact pu au moins, malgré la pénombre, constater comme la peau de son vis-à-vis ne portait aucun signe de corruption (du moins rien de ce qu’elle connaissait ou avait pu voir durant sa carrière) ce qui aura le mérite de lui apprendre qu’elle n’avait pas à le redouter dans l’immédiat. Un individu runé était toutefois toujours à surveiller d’après elle, surtout dans ses plus mauvais moments. Quelle idée. Une simple épée suffisait pas ? Surtout que t’es pas plus protégé pour autant. Ironisera-t-elle vaguement tout en désignant d’un signe du menton la blessure de l’épéiste, encore que celle-ci était définitivement plus propre désormais. De ce qu’elle en voyait d’ailleurs, il ne portait pas d’autres runes sur le corps encore qu’elles pouvaient ne pas être visibles… C’est ce qui la décidera soudainement à contourner son interlocuteur afin de pouvoir observer son dos, n’y découvrant que du muscle et quelques cicatrices potentielles. Hmm… Médite-elle brièvement avant de reprendre la parole, passant du coq à l’âne simplement parce que le sujet de l’épée n’était définitivement pas celui qu’elle allait préférer. T’as faim ? Moi j’ai faim. » Fera-t-elle remarquer, en une invitation (que d’aucuns jugeraient soit trop subtile soit définitivement pas assez) à partager le repas ensemble si l’homme le désirait. Elle se doutait que s’il avait eu accès aux bons soins de Mordante, alors l’intendant lui avait au moins permis de rester pour un repas et la nuit, à défaut de plus tant que Roy ne se décidait pas à s’engager. Son pari avait d’ailleurs partiellement quitté son esprit, si bien qu’elle préférait encore profiter de sa présence tant qu’il demeurait dans les parages, avant de lui dire potentiellement au revoir le lendemain. Car quoi qu’elle puisse penser de sa rune ou de son épée, ce qu’elle n’oublierait jamais et ce qui ne manquerait pas de la rendre prudente, elle était de ceux qui se lassaient parfois de voir toujours défiler les mêmes têtes et qui prenait donc plaisir à en découvrir de nouvelles.